vendredi 8 février 2008

Quartier Koenig - Batiment logement cadre "Adjudant-chef LACOMBE" (LC1)


Le 18 juin 2007, un batiment logement nouvellement rénové prenait le nom d'adjudant-chef LACOMBE, mais beaucoup ignorent qui était ce sous-officier :

Engagé en 1971 au titre du 45ème régiment d'instruction des transmissions, Jean-françois rejoint le 41ème RT à l'issue de sa formation, puis le 18ème RT à Epinal. Le Caporal-chef LACOMBE y assure les fonctions de chef de station de faisceaux hertziens.
Le 1er mars 1974, nommé sergent, il rejoint le 51ème RT en Allemagne. Apprécié pour ses compétences techniques et son aisance sur le terrain, il obtient son Certificat Technique du 1er degré.
Dépanneur aux services techniques, il est nommé sergent-chef le 1er janvier 1981.
En août 1983, il rejoint le prytané militaire de la Flèche où il est responsable de la cellule audiovisuelle.
Promu adjudant en 1987, il devient chef de section. A cette ocasion, il montre ses qualité de pédagogue et d'éducateur.
Le 1er août 1989, affecté au 18ème RT à Epinal, il demande à servir au sein de l'ONU.
Le 3 novembre 1993, il rejoint la Bosnie-Herzégovie comme chef de station Inmarsat (International Maritime Satellite) où il fait preuve d'une grande compétence, jusqu'à ce jour du 24 décembre .....

Voici un témoignage de Michel FILIPPI, Lieutenant puis Capitaine au 126ème régiment d'infanterie de 1987 à 1994 :

24 décembre 1993, il était environ 17h00, la base logistique était en effervescence puisque le Ministre de la défense, Monsieur LEOTARD devait passer le réveillon de Noël avec nous.
Je me trouvais au poste de commandement, véritable tour de contrôle qui permettait de dominer l’ensemble de la zone où stationnaient plusieurs unités, dont la compagnie de maintien en condition (MEC) que j’avais l’honneur de commander.
A mes cotés, se trouvait mon ami, le Capitaine médecin LEMASSON.
Un peu avant 18h00, avec l’officier de permanence, notre attention se porte sur la réception d’un message en clair à diction rapide : Blessé grave, PCIGRAD, sniper.
Aussitôt le toubib demanda de se rendre sur les lieux mais la base opérationnelle N° 1 située à CORALICE, décida d’envoyer en urgence une équipe médicale. La nuit était d’encre, la neige tombait à gros flocons quand le compte rendu des urgentistes annonçait qu’une balle de sniper avait tué l’Adjudant LACOMBE.
Il avait quitté la base logistique peu de temps auparavant après avoir installé l’antenne satellite qui devait permettre à Monsieur le Ministre de rester en contact permanent avec la France.
L’Adjudant LACOMBE, transmetteur de son état, était marié et père d’un petit garçon.
La balle l’avait frappé en pleine tête, une chape de plomb tombait sur les épaules de chaque homme et femme du Bataillon d’Infanterie de BIHAC.
Cet assassinat, car il n’y avait pas d’autre terme à employer était perpétré par des hommes qui tentaient encore une fois de nous faire prendre parti à leur profit. En effet ces derniers essuyaient un gros revers avec l’offensive de 5ème corps et n’avait rien trouvés de plus ignoble que tuer un casque bleu pour espérer voir se geler la situation militaire et ainsi leur donner le temps de réagir.


Vers 20h30 les autorités civiles et militaires arrivaient au gymnase de la base logistique où devait être célébrée la messe de minuit par Monseigneur DUBOSC, Evêque aux armées qui était du même voyage que le Ministre de la défense.
Ils étaient bien sûr en retard sur l’horaire car ils avaient rendu les honneurs à la dépouille de l’Adjudant LACOMBE déposée dans une chapelle ardente à la base OPS N° 1.

Avec la chorale dont je faisais parti nous eûmes à cœur d’être encore meilleurs qu’aux répétitions et en fin d’office j’ai chanté le minuit chrétien.


A la fin de la messe, l’ensemble des personnels passa en salle à manger et je m’éclipsais avec le Colonel LEGRIER le patron du BIB 3, afin de lui demander la conduite à tenir car j’avais la charge d’animer la soirée.
Il me répondit que la vie devait continuer malgré notre chagrin, il faut également dire que Monseigneur DUBOSC et le Ministre avaient su trouver les paroles de réconfort qu’il fallait pour nous calmer face à ce crime.
J’ai donc animé la soirée comme prévu avec mon équipe puisque la quasi-totalité des intervenants étaient de mon unité, sketchs de haut niveau exécutés par des soldats spécialistes en la matière, tours de magie, chants militaires et l’ambassadeur de France à ZAGREB qui « cornaquait » Monsieur LEOTARD me demanda de féliciter tous les hommes et femmes ayant participé activement à l’animation de cette soirée.
Il me demanda une faveur, chanter pour le Ministre de la défense l’Ajaccienne puisque ce dernier avait des origines Corses, ce que je fis.
Mais chacun conservera le souvenir d’un Noël pas comme les autres, marqué par l’absence dans les rangs du Bataillon de l’Adjudant LACOMBE.

Il était le premier mort du BIB 3 et le dernier du 18eme Régiment de Transmissions.

162eme promotion ENSOA - Adc LACOMBE
Article paru le 27 décembre 1993 dans le journal l'Humanité
Un casque bleu français a été tué vendredi par balle dans la poche musulmane de Bihac (nord-ouest de la Bosnie), sur la route reliant Velika Kladusa à Coralici. Dans ce secteur, une ligne de front oppose musulmans séparatistes du nord de Bihac et ceux du sud, rattachés à Sarajevo.
L’adjudant Jean-François Lacombe, du 18e régiment de transmissions d’Epinal et membre du bataillon d’infanterie français déployé dans la poche de Bihac, a été victime d’une rafale d’arme automatique alors qu’il se trouvait dans une Jeep P4, a-t-on précisé de source militaire.
Le tir serait venu des lignes occupées par les musulmans séparatistes obéissant à Fikret Abdic. Au même moment, le ministre François Léotard rendait visite à des enfants de l’hôpital de Cazin, dans le sud de la Bosnie, avant de participer à la veillée de Noël organisée par le bataillon d’infanterie français.
Jean-François Lacombe est le dix-huitième militaire français (oui 18) à avoir trouvé la mort en ex-Yougoslavie depuis avril 1992, date de l’arrivée des troupes de l’ONU.

Inauguration par le préfet le 18 juin 2007 en présence de sa femme et son fils.

2 commentaires:

mémé a dit…

hommage (abattu lachement)
J'était présent sur la base logistique de vélika BIB 3
service des essences

Anonyme a dit…

patrick
j etais aussi present ce jour service essence aussi ,je me souviendrais toujour de ce moment .