Il y a des as de l’aviation dont tout le monde a entendu parler et puis il y a les inconnus de l’Histoire comme Jean Hébert et Denys Boudard dont l’action a permis aux alliés de connaître toutes les défenses de l'aérodrome de Carpiquet. Tous deux rêvent de devenir pilote. En 1939, le front populaire offre des bourses pour former des jeunes aviateurs, les deux amis en profitent. Ils sont au centre de formation à Evreux quand éclate la guerre.
Ils imaginent un plan pour rejoindre les forces alliées en Angleterre. Il se font embaucher par une entreprise de construction qui travaille pour l’occupant sur la base de Carpiquet. «Avec mon copain Jean Hébert, nous voulions à tout prix gagner Londres pour combattre dans la France Libre. Le 29 avril 1941, nous avons décidé de nous emparer d’un avion allemand. Notre choix est tombé sur un biplan Bücker-Jugmann qu’on est parvenus à voler sans que les gardiens s’en aperçoivent. »
Se faisant passer pour des ouvriers allemands ils parviennent à s’introduire à l’intérieur d’un biplan au nez des officiers. A l’audace s’ajoute la chance, le moteur flanche une fois puis repart, l’avion s’envole.
Mais les difficultés ne font que commencer car il leur faut aussi déjouer la surveillance britannique pour qui un avion marqué aux croix germaniques ne peut être que celui d’un ennemi. En fait tout se passe beaucoup plus facilement qu’ils n’auraient pu le craindre. Les 2 apprentis pilotes pointent à vue l’Angleterre sur un calendrier des PTT. « En survolant les côtes anglaises, on a fini par repérer un terrain militaire au sud de la Grande-Bretagne. L’atterrissage s’est opéré en douceur. Les soldats britanniques ont fait venir un sergent à qui on a baragouiné qu’on voulait remettre cette prise allemande à sa Gracieuse Majesté. Après on a été convoyés sur Londres et on a été aussitôt enrôlés dans la Royal Air Force. On voyait Clostermann. La France Libre était une petite équipe vous savez !»
Ils terminent leur formation de pilote au sein de la R.A.F. et rejoignent le front en 1943 dans le groupe « Ils de France » des Français libres. Tout s’était donc passé comme ces deux copains inséparables l’avaient rêvé jusqu’à ce jour fatal du 9 juin 1943. Ce jour là, les anglais prennent l’avion britannique que pilote Jean Hébert pour celui d’un allemand et l’abattent sans sommation. Un coup dont Denys Boudard ne se consolera jamais. «En plus, c’est moi qu’on avait chargé d’annoncer la nouvelle à sa veuve que j’ai rencontrée dans les ruines de Caen . Je sais qu’il y a des bavures dans la guerre mais ça, je ne pouvais pas le supporter. »
Denys Boudard revient seul de la guerre et entame une carrière de pilote d’essai qui le conduit au-dessus de l’Indochine. Il prend sa retraite à Caen. Il meurt le 9 octobre 2005 à l’age de 85 ans.
Denys Boudard revient seul de la guerre et entame une carrière de pilote d’essai qui le conduit au-dessus de l’Indochine. Il prend sa retraite à Caen. Il meurt le 9 octobre 2005 à l’age de 85 ans.
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