dimanche 20 juillet 2008

Histoire du quartier Koenig - Pierre KOENIG, un sergent devenu maréchal de France

Un homme d'exception, un militaire sorti du rang qui "appartient à l'histoire, et à jamais" (Michel Debré) ...

Pierre Kœnig est né le 10 octobre 1898 à Caen dans le Calvados, dans une famille de souche alsacienne. Son père était facteur d'orgues.
Il fait ses études au collège Sainte-Marie et au Lycée Malherbe de Caen.
Lorsque la première guerre mondiale éclate, il n'a que seize ans et, désireux de servir, doit patienter avant de s'engager, en 1917, après avoir obtenu son baccalauréat, au 36ème Régiment d'Infanterie.

Caporal en 1917, sergent il suit les cours de l'école d'aspirant d'Issoudun et, promu aspirant en février 1918, rejoint au front son unité, en avril. Il prend part à la bataille des Flandres en mai, puis à celle du Matz en juin-juillet puis à l'offensive de l'Oise en août-septembre 1918. Cité et décoré de la Médaille Militaire, il est promu sous-lieutenant en septembre 1918 et prend part aux combats de l'Ailette en octobre 1918 avant de décider de rester dans l'Armée.

Affecté au 15ème Bataillon de Chasseurs alpins, il sert en Silésie de 1919 à 1922 puis dans les Alpes (1922-1923) avec le grade de lieutenant. Il fait ensuite partie, comme officier de renseignement, des troupes d'occupation en Allemagne jusqu'en 1929, à l'Etat-major des 40ème et 43ème Division d'Infanterie.

Après un bref séjour au 5ème RI à Paris, Pierre Kœnig part pour le Maroc comme commandant de compagnie au 4ème Régiment Etranger et prend part aux opérations de pacification du Maroc (1931-1934).

Promu capitaine entre-temps, il est affecté à l'Etat-major du général Catroux et reste au Maroc où il participe à différentes opérations dans le désert jusqu à la déclaration de guerre de septembre 1939.

Détaché pendant quelques mois au 2ème Régiment de Tirailleurs marocains (2ème RTM) il quitte l'Afrique du nord en février 1940, et prend part à l'expédition de Norvège au sein de la 13ème Demi-Brigade de Légion Etrangère, puis à l'Etat-major du général Audet, commandant le Corps Expéditionnaire Français. De retour en Bretagne, le 16 juin 1940, avec la 13ème DBLE, devant l'impossibilité de reprendre le combat sur le sol français, il s'embarque pour l'Angleterre, avec une dizaine d'officiers de la "13" dont son chef, le colonel Magrin-Verneret (alias Monclar), sur un cargo en partance de Jersey, le 20 juin.

Arrivé en Angleterre, le capitaine Kœnig retrouve la 13ème DBLE et se met aux ordres du général de Gaulle. Promu au grade de chef de bataillon, il prend part, sous le nom de "Mutin", à l'expédition "Menace" et, après l'échec devant Dakar, joue un rôle prépondérant dans le ralliement du Gabon, en novembre 1940.

En décembre 1940, il est nommé commandant militaire du Cameroun et promu lieutenant-colonel.

Début 1941, promu colonel, il est au Soudan et en Palestine et prend part à la campagne de Syrie comme chef d'Etat-major du général Legentilhomme, commandant la 1ère Division Française Libre. A l'Armistice de Saint-Jean d'Acre, le colonel Kœnig est délégué pour la France Libre à la Commission d'Armistice.

Promu général de brigade en juillet 1941, il combat en Libye, à Halfaya (décembre 1941 et janvier 1942), à Méchili (février 1942) et Bir-Hakeim (février-juin 1942), en qualité de commandant de la 1ère Brigade Française Libre. Résistant aux attaques italo-allemandes menées par le général Rommel pendant 14 jours et tenant coûte que coûte la position de Bir-Hakeim pour permettre à la VIIIème Armée britannique de se réorganiser à Alexandrie, Kœnig réussit parfaitement sa mission, malgré une infériorité numérique flagrante, et parvient à ramener avec lui les trois-quarts de ses hommes échappés grâce à la sortie de vive force de la position dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, à travers les champs de mines et les positions ennemies.

Le général Kœnig prend part ensuite à la bataille d'El Alamein en octobre 1942 puis à la campagne de Tunisie (avril-mai 1943) à la suite de laquelle il est promu général de division.
Le 1er août 1943, il quitte le commandement de la 1ère DFL pour prendre les fonctions de chef d'Etat-major adjoint de l'Armée à Alger et y opérer la fusion entre les troupes d'Afrique du Nord et celles de la France Libre.

En mars 1944, il est nommé Délégué du Gouvernement Provisoire de la République Française auprès du général Eisenhower, Commandant Suprême Interallié, et, en même temps, Commandant Supérieur des Forces Françaises en Grande-Bretagne et Commandant des Forces Françaises de l'Intérieur.

Promu général de corps d'armée le 28 juin 1944, il est nommé Gouverneur Militaire de Paris le 25 août suivant et le reste jusqu'à la fin des hostilités.
Commandant des Forces françaises en Allemagne (juillet 1945 à août 1949), il reçoit ses étoiles de général d'armée le 20 mai 1946 puis est élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d'Honneur. Inspecteur des forces terrestres, maritimes et aériennes de l'Afrique du Nord et vice-président du Conseil supérieur de la Guerre, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques et membre de l'Assemblée consultative européenne en 1951.

Désireux de participer à l'activité républicaine, Pierre Koenig se fait élire député du Bas-Rhin en 1951 (il sera réélu en 1956), et accepte la présidence de la Commission de la Défense nationale de l'Assemblée nationale (août 1951 à juin 1954). Il entre alors dans le gouvernement Mendès-France pour lequel il prend en charge le portefeuille du ministère de la défense, de juin à août 1954, poste qu'il occupe à nouveau au sein du cabinet Edgar Faure (février - octobre 1955). Il quitte la vie politique en 1958.

Le général Kœnig est décédé le 2 septembre 1970 à l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Ses obsèques se sont déroulées en l'église Saint-Louis des Invalides. Il a été inhumé au cimetière de Montmartre à Paris.

Homme d'exception, membre du conseil de l'Ordre de la Libération, Pierre Koenig est élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume par décret du 6 juin 1984, par François Mitterrand, devenant ainsi le quatrième général français élevé à la dignité de maréchal de France depuis la libération, après Jean de Lattre de Tassigny, Philippe Leclerc de Hauteclocque et Alphonse Juin.

Décorations
* Grand Croix de la Légion d’honneur
* Compagnon de la Libération - décret du 25 juin 1942
* Médaille militaire
* Croix de guerre 1914-1918 (2 citations)
* Croix de guerre 1939-1945 (4 citations)
* Croix de guerre des Théâtres d’opérations extérieures (3 citations)
* Médaille de la Résistance avec rosette
* Médaille Coloniale avec agrafes "Maroc", "Sahara", Libye", Bir-Hakeim, "Tunisie 43-43"
* Croix du Combattant
* Médaille de l’Aéronautique
* Commandeur du Mérite Agricole
* Médaille des Evadés
* Médaille Interralliée 14/18
* Médaille Commémorative 14/18
* Médaille Commémorative 39/45
* Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
* Médaille de la Reconnaissance Française
* Distinguished Service Order (GB)
* Compagnon de l’Ordre du Bain (GB)
* Commandeur de la Legion of Merit (USA)
* Médaille d’Or du Congrès (USA)
* Ordre de Souvorov de 1ère classe (URSS)
* Grand Croix Magistrale de l’Ordre de Malte
* Grand Officier de l’Ordre de Léopold (Belgique)
* Croix de Guerre 1940 avec palme (Belgique)
* Grand Croix de la Couronne (Belgique)
* Grand Croix de l’Ordre d’Orange Nassau (Pays-Bas)
* Grand Croix de l’Ordre Royal du Danebrog (Danemark)
* Grand Croix de l’Ordre de Saint Olaf (Norvège)
* Croix de Guerre (Norvège)
* Virtuti Militari (Pologne)
* Médaille de la Résistance avec rosette (Pologne)
* Croix de Guerre (Tchécoslovaquie)
* Ordre du Lion Blanc pour la Victoire (Tchécoslovaquie)
* Grand Croix de l’Ordre de Georges 1er (Grèce)
* Grand Croix de l’Ordre de la Couronne de Chêne (Luxembourg)
* Croix de Guerre (Luxembourg)
* Grand Croix de l’Ordre de Saint Charles (Monaco)
* Grand Croix de l’Ordre de l’Eléphant Blanc (Thaïlande)
* Mérite Militaire Chérifien (Maroc)
* Grand Cordon du Ouissam Alaouite (Maroc)
* Grand Cordon du Nichan Iftikar (Tunisie)
* Grand Officier de l’Etoile des Comores

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